Un repas façon Maigret !...
Chapitre 8
Pitrack était réveillé depuis longtemps lorsque l’Angélus sonna !... Il avait passé une sale nuit !
Le nom de Bouboule-Lechene avait tourné dans sa tête… mais comment avait-il pu être aussi bête… C’est Lechene qui l’avait fait venir… c’est Lechene qui l’avait informé… c’est Lechene qui
connaissait tous les travers de ses voisins… il connaissait même les textes des lettres de Leberthot la boulangère et d’Héloïse qui de leur propre aveu ne les avaient montrées à
personne !...
Monsieur Bouboule-Lechene vous avez voulu venger votre ami Jojo… vous avez voulu jouer les redresseurs de tort…
mais vous êtes tombé sur plus fort que vous : l’inspecteur Pitrack qui a mené rondement cette enquête !... Pitrack gonfla sa poitrine et se dirigea d’un pas assuré vers l’odeur de café…
il serait à Nantes pour le déjeuner !
Avant de lui dire bonjour Héloïse se précipita sur lui « Vous aussi !... » « Quoi
moi aussi ? » « Il vous a écrit ! » « Qui ? » « Mais le corbeau pardi ! »
Merde !... y manquait plus que ça ! Pensa Pitrack !... « Vous l’avez trouvée dans votre
boite ou le courrier est déjà distribué ? » « Monsieur Lanoue le facteur est un ami… vous savez bien !... quand il a reconnu l’écriture il est venu tout de suite vous
l’apporter ! »
Il retournait la lettre dans ses mains… même écriture… pas de doute… mais quelque chose clochait… oui le cachet
de la poste… la lettre n’avait pas été postée à La Verranne mais à la poste centrale à Nantes.
Assis dans le coin de la cheminée il l’ouvrit :
Pitrack,
Il n’y a peut-être pas le téléphone chez votre logeuse
Mais vous pourriez m’appeler du bureau de poste
Pour me tenir informé du déroulement de votre enquête.
C’est votre première affaire et je suis votre commissaire !
Signé : Joseph Dumoulin Commissaire
S’il n’avait pas été assis Pitrack serait tombé sur le cul… Dumoulin… la même écriture que le corbeau ?...
Les quelques coups frappés à la porte du jardin ne lui firent pas lever la tête qu’il tenait à deux mains en regardant le sol.
Des chuchotements attirèrent son attention… il se leva et tomba nez à nez avec Léonne Pradu… il l’a
trouva encore plus petite… avec un visage plus dur que lors de sa visite !
Elle fixa Pitrack « Jojo Dumoulin ! » elle répéta « Joseph Dumoulin c’est son
nom ! » Elle tourna les talons et reparti sans un mot !
Pitrack se sentit fatigué… il y a ¼ d’heure il pensait l’affaire résolue et il s’apprêtait à cuisiner
Bouboule-Lechene et là on lui apportait un coupable sur un plateau en la personne de son chef… celui-là même qui lui avait confié l’enquête !
Il relut la lettre… « Il n’y a peut-être pas le téléphone chez votre
logeuse » ????? Mais comment savait-il que j’avais une logeuse ? Comment a-t-il connu l’adresse de ma logeuse ? Oooooh mon ami Bouboule !... il va falloir qu’on
parle tous les deux !
Il traversa la place en quelques enjambées… ouvrit d’un coup sec la porte de la cordonnerie et cloua
Bouboule-Lechene du regard quand il le salua d’un « Bonjour jeune homme ! »
Rapidement il le mit au parfum de tout ce qu’il savait et lui expliqua la situation en quelques
mots :
« Complicité… tribunal correctionnel… condamnation…. prison » Ce qui le rendit très
bavard !
« Tout a commencé il y a quelques mois monsieur l’inspecteur, lorsque Jojo a perdu sa maman… alors
toutes ces années de misère lui sont remontées à la mémoire, il a eu envie de torturer un peu ceux qui les avaient humiliés sa maman et lui ! »
« Les commerçants… le château… le curé je comprends… mais pourquoi
Héloïse ? »
« Il a toujours été amoureux d’Héloïse… il a très mal supporté qu’elle se retourne vers le facteur
plutôt que vers lui ! »
« Les lettres ? » « Il les écrivait et moi je les postais de la
Verranne »
Pitrack marchait de long en large dans la boutique « Mais pourquoi avoir déclenché cette enquête et
moi pour la mener ? » « Parce que ça commençait à bouger dans la commune et il voulait garder le contrôle, avec vous…le bleu du commissariat… le petit nouveau. Vous faites
l’enquête… vous ne trouvez rien… il arrête les envois et personne n’en parle plus ! »
Pitrack ruminait… il trouvait Jojo sympathique… mais Dumoulin franchement désagréable sur ce coup là !...
Mais après tout il avait fait tout ça pour sa maman !
Bon !... Il se tourna vers Lechene « Je ne vous ai pas vu… Je ne vous ai rien dit… si vous
prétendez le contraire je ne vous louperai pas… compris ! » Lechene acquiesça sans dire un mot… trop content de s’en tirer comme ça !
Lorsqu’il récupéra ses bagages, il expliqua la situation à Héloïse et lui demanda au nom de son amitié avec
Jojo d’oublier les lettres de Dumoulin !
Il fit une dernière fois le tour de la place puis récupéra la 203… la précieuse 203 de son commissaire… l’envie
lui traversa l’esprit de rayer un peu la carrosserie !
A l’appel de son nom il tourna la tête, c’était le jeune curé « La lettre avait raison monsieur
l’inspecteur… le vieux curé que j’ai remplacé vient de mourir et il m’a fait parvenir par son notaire un chèque pour rembourser les emprunts qu’il avait fait dans les troncs de
l’église ! » « Eh bien Jojo l'enfant de choeur n’est pas un menteur ! » Pensa Pitrack !
En arrivant à Nantes, Pitrack fit un détour par le Bar du Commerce, il avait envie de faire un repas de flic
!... un jambon beurre cornichons... avec du pain frais et du beurrre salé... une petite bière ! (un bock comme aurait dit Maigret !) Puis en route pour Waldeck-Rousseau, haut-lieu de
la police nantaise, Pitrack se dirigea droit sur le bureau de Dumoulin !... « Ah Pitrack… enfin… alors dites-moi tout ! »
Pitrack lui raconta l’essentiel… omit de lui parler de Léonne Pradu… donna des détails sur la colère de
Bléchot… décrit l’émotion d’Héloïse ! Le chèque du vieux curé le fit sourire !
« Mais alors vous Pitrack, qu’est-ce que vous pensez de cette affaire ? » « Je pense
qu’il s’agit de rancunes de voisinage qui s’éteindront d’elles mêmes … nous avons affaire à un AFFREUX JOJO qui a voulu rappeler aux coupables les misères qu'ils lui ont fait
subir autrefois ! Monsieur le commissaire !...»
"Vous avez raison Pitrack !... ce ne sont que des petites querelles de villages !... Et ma voiture pas de
problème ?..."
Cette histoire est une fiction, toute ressemblance avec des faits, des lieux ou des personnes existants ou ayant
existées serait une pure coïncidence.
Ingrédients :
- 1 baguette croustillante
- Du beurre salé
- Du vrai jambon avec gras et couenne
- Quelques cornichons croquants
- Couper la baguette en deux, puis la fendre dans le sens de la longueur.
- Beurrer généreusement la face du dessous.
- Insérer une ou deux tranches de jambon puis les cornichons émincés.
- Déguster avec une bière pression ou un verre de beaujolais.
- Manger lentement en discutant de la pluie et du beau temps avec le patron du bistrot.
- Un expresso bien serré , une bonne pipe et vous aurez fait un vrai repas de flic façon Commissaire Maigret !...
Bon appétit ... bien sûr ! ...