Risotto au potiron et origan
Chapitre 7
Il n’eu aucun mal à trouver la maison de Léonne Pradu… l'instit' détestée du château, tout le monde la connaissait… et c’est avec une voix pleine de respect que les gens indiquait le pavillon où elle habitait. Une petite maison… mais…ouah quelle vue sur la vallée de Loire…dégagée jusqu'à Nantes.
Petite… les cheveux gris soigneusement coiffés… des lunettes rondes cerclées d’acier… elle jeta un regard dur à Pitrack… le genre « Tu n’as pas appris tes leçons ! » Pitrack se sentit comme un petit garçon pris en faute !... il comprit le respect de ses voisins !
Devant une tasse de café il lui expliqua les raisons de sa visite… les remarques des gens du château… le problème des lettres anonymes… il avait beau parler doucement, répéter… il se rendit compte rapidement qu’elle n’avait plus toute sa tête… qu’elle confondait le passé et le présent !... A tout hasard il sortit une enveloppe du corbeau et lui montra… « JOJO !... tu es JOJO !... » Le cri fit sursauter Pitrack !... un instant ému par le sourire plein de tendresse qu’elle lui adressa ! « Mon petit Jojo… ton visage a changé… mais ton écriture est toujours la même… en 40 ans d’enseignement je n’ai jamais vu d’aussi belles majuscules et les pleins… et les déliés !... ah mon petit Jojo ! »
Il eu beaucoup de mal à lui faire comprendre qu’il n’était pas Jojo… Quand elle comprit enfin, elle ne se souvenait plus de son nom de famille… elle savait seulement qu’on l’appelait : Jojo des Grenettes… c’était son surnom… parce qu’il habitait au lieu-dit les Grenettes dans les bas… au bord de la Loire… avec sa mère… Ah ! Si ! Elle se souvenait aussi qu’il avait été apprenti boulanger chez le père Bléchot !
Retour à la case départ… direction le boulanger en retraite et sa femme soumise !... Oui il se souvenait d’un apprenti dénommé Jojo… non il ne l’avait pas gardé longtemps parce que sa mère un « cul-bénit » voulait qu’il soit enfant de chœur et qu’il serve la messe tous les dimanches matins ! Alors dans la boulangerie ça n’était pas possible ! « C’était de pauvres gens vous savez !... abandonnés par le père… la mère faisait la femme de chambre chez les aristos du château… ça devait pas être facile avec ce vicelard de comte...des crève-misère monsieur l’inspecteur… vous pouvez en parler aux autres commerçants… ils ne voulaient plus les servir… ils ne payaient pas ! »
En effet Jeannine la bouchère et Ferro l’épicier se souvenaient de Jojo et de sa mère… des bons à rien… des fauchés qui habitaient aux Grenettes… pour eux : pas d’argent pas de marchandise !
Et la blondasse … la mère Leberthot qui en rajoute une couche « Un petit voleur ce Jojo… je l’ai pris la main dans le sac… il m’avait volé un croissant… soi-disant pour sa mère… c’était son anniversaire ! Un petit voyou monsieur l’inspecteur ! »
Marre !... Pitrack en avait marre !... toute cette haine déversée sur Jojo et sa mère… il en arrivait à avoir de la sympathie pour ce Jojo et comprendre les lettres vengeresses… il ne savait pas que plus tard on appellerait ça le « Syndrome de Stockholm »… Il décida de rentrer directement chez sa logeuse… sans passer par le Veau d’Or… pas de Gamay rosé ce soir !
Héloïse était seule dans sa cuisine… à coudre ses paletots comme elle disait… elle tirait son fil à une vitesse folle. Quand Pitrack s’approcha elle leva la tête : « Bonsoir mademoiselle… désolé de vous interrompre… mais je ne vous dérange pas !... ce soir je me couche de bonne heure !... » Il se dirigea vers l’escalier… puis revint sur ses pas « Juste une question… avez-vous connu un certain Jojo qui vivait avec sa mère ?... » Elle l’interrompit : « Jojo des Grenettes ? » « Oui !... » « Bien sûr que je l’ai connu… nous étions inséparables Bouboule, Jojo et moi !... »
Elle commença à parler de sa jeunesse… des fêtes du village… des promenades en barque sur la Loire !... ils formaient une belle équipe tous les trois ! Son frère se joignait à eux quelques fois… mais c’était avant qu’il rencontre cette fille de Nantes… avec laquelle il s’est marié !... Elle ajouta en rougissant « Je crois même que Jojo était un peu amoureux de moi ! »
Elle lui proposa de partager son dîner… il accepta… quelque chose lui disait que son enquête allait progresser !
Quand elle déposa sur la table un plat fumant « Un risotto à la courge » dit-elle et une bouteille de Gamay rosé… la drogue locale !... il lui posa la question qu’il aurait du poser depuis longtemps : « Mais qui c’est ce Bouboule dont vous me parlez ? » « Mais vous le connaissez monsieur l’inspecteur… c’est Louis Lechene le cordonnier ! »
Il s’étrangla avec sa bouchée de risotto… et dû boire un verre de Gamay pour la faire passer !
Lechene… Bouboule… Ha !... Je le retiens celui-là… il va m’entendre demain matin !
Légèrement contrarié il refusa le dessert et le dernier verre de Gamay… il avait un Bouboule en travers de la gorge… (Oui ! On peut-être un policier en colère et avoir de l’humour !)
A suivre !
Ingrédients pour 2 pers :
- 250 g de potiron (butternut)
- 160 g de riz Arborio
- 100 de parmesan frais
- 1 c.à.s de crème fraîche
- 1 oignon, 1 c.à.c d'origan séché
- 10 cl de vin blanc sec
- 30 cl de bouillon
- Peler et épépiner le potiron puis le couper en cubes.
- Hacher finement la moitié de l'oignon et le faire doucement revenir dans un peu d'huile d'olive.
- Ajouter les cubes de potiron, laisser colorer un petit peu.
- Mouiller avec un peu d'eau, assaisonner légèrement et laisser cuire lentement.
- Réserver.
- Hacher la moitié d'oignon restant et faire fondre dans une casserole avec un peu d'huile d'olive.
- Ajouter le riz, bien mélanger jusqu'à ce que le riz devienne translucide.
- Mouiller avec le vin blanc, laisser réduire presqu'à sec.
- En remuant régulièrement, mouiller avec le bouillon petit à petit jusqu'à ce que les grains de riz deviennent moelleux, sans être collants.
- Incorporer la crème, l'origan, puis rectifier l'assaisonnement et enfin terminer ajoutant le parmesan râpé.
- Servir avec une petite salade de roquette.
Quoi boire ?... un Gamay rosé !... Pourquoi pas !
Bon appétit... bien sûr !
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