Rognon de veau écume de persil et moutarde à
l'ancienne
En sortant du bureau, Johnny Lavente était de sale poil !... Ted son sheriff-directeur n’était pas un mauvais bougre… mais il avait été clair ; Il lui fallait des résultats, Johnny était en retard sur ses objectifs et la fin de l’année était proche !
Il avait eu beau lui expliquer que la semaine dernière son cheval avait été malade… que son coéquipier Bill Lassistant n’était pas à la hauteur… et même que son PC portable s’était enrayé deux fois la même journée… rien n’y a fait… il lui fallait des résultats !
Lorsqu’il arriva au ranch de Bill Lassistant, celui-ci l’attendait devant la grange tenant son cheval par le mors… l’homme et le cheval paraissaient excités !
« Vite Johnny je crois que cette fois je tiens un gros client! »
Cette chanson Johnny l’avait entendue souvent… et à chaque fois il tombait sur un coyote sans le sou ou un chef indien déplumé !...
« Si, si » insista Bill « C’est du gros gibier, lui est trappeur et sa femme est serveuse au saloon, leur ranch sent la pépite à plein nez !... »
Le soleil rougeoyait encore à l’horizon, allongeant démesurément l’ombre des cactus lorsqu’ils furent en vue du ranch « OK JESIGNE » En plus ils habitent à perpète pesta Johnny !... son cheval était fourbu !
« Bon sang !... » S’exclama Johnny à la vue du ranch « Je crois que cette fois tu as mis dans le mille Bill ! »
Ce ranch sentait la pépite… pour sûr… en plus le trappeur était à la maison, son cheval était là, encore fumant, équipé d’une selle mexicaine qui valait au moins 1000 dollars !...
Johnny sauta de son cheval, puis caressa la crosse de son PC portable qui pendait à sa ceinture… rassurant !...
« Bonjour Miss… Johnny Lavente et Bill Lassistant nous avons rendez-vous avec votre papa ! »
« Belle poupée !... » Pensa Johnny !...
Encore coiffé de sa toque en vison (Signe de luxe chez les trappeurs !) Hevitt Jesigne indiqua un superbe canapé à Johnny « Asseyez-vous ! » pas très causant se dit Johnny en reprenant aussitôt (comme lui avait appris le Marshall Jean Seigne au dernier séminaire sur la vente) « je crois que nous serons mieux autour de cette table mister Jesigne ! » « Bien visé » pensa Bill !…
Après quelques banalités sur les balles perdues au saloon… la migration des bisons qui a du retard cette année… Johnny passa aux choses sérieuses !
D’un geste sec il dégagea la crosse de son PC portable… puis le fit tourner sur son index à plusieurs reprises en fixant le trappeur !
Hevitt Jesigne… désarçonné par tant de dextérité… comprit rapidement qu’il était fait comme un rat !
« Quelle pointure ce cow-boy de chez Texas-conseil » pensa t’il « C’est autre chose que la Hooligan corporate… avec leur pointe Bic orange !... »
La tension était palpable… dans la pièce surchauffée en cette fin d’été particulièrement sec !
« Tu m’as eu Johnny ! Je signe… » Lâcha Hevitt dans un souffle… un silence pesant s’installa… au loin un coyote hurla !...
« Chouette selle mexicaine que vous avez là ! » Dit Bill avec un sifflement admiratif !...Sacré Bill… il connait son métier... il crée la diversion... pensa Johnny en s’agitant frénétiquement sur le barillet de PC portable !...
« C’est pourquoi qu’il est là le cow-boy ? » susurra Daisy l’épouse-serveuse au saloon en poussant la porte à double battants.
« Tu vas être contente ma Daisy ! » bredouilla le trappeur « C’est un truc qui va me rapporter des montagnes de dollars… je n’aurai plus besoin de courir les bois pour faire mon boulot de trappeur… je serai toujours là pour toi ma Daisy !... »
Le duvet qui ornait la lèvre supérieure de Daisy frémit légèrement… le fumet qui montait de ses aisselles s’accentua fortement… 2 signes de forte contrariété chez les femmes de la tribu des Cheyennes de garde !...
« Il est gentil le cow-boy… mais s’il y en a une qui doit arrêter le turbin c’est Daisy… vu !... Alors il rengaine son PC portable et il rentre en ville avec Sancho Pança… le jour où j’aurai besoin de lui je lui ferai des signaux de fumée !... »
Sur le chemin du retour Johnny s’en voulait… il avait commis une erreur de « Pied tendre » : il avait négligé la Femme ! il croisa le regard chargé de flèches empoisonnées de Bill… il pensa à Ted le sheriff… et à son chiffre d'affaires... il jeta un œil sur le vautour qui planait au-dessus de sa tête… puis s’en alla… plein écran… en chantant :
« I am alone some cow-boy! » (Air connu)
Ingrédients pour 2 pers :
- 3/400 g de rognon de veau
- 10 cl de vin blanc
- 10 cl de bouillon
- 10 cl de crème fleurette
- 3 c.à.s de crème fraîche épaisse
- 1 c.à.s de moutarde à l'ancienne
- 1/2 bouquet de persil
- 1 échalote
- 2 gousses d'ail
- Faire blanchir le persil à l'eau bouillante pendant
30 secondes, puis rafraichir à l'eau froide, réserver.
- Dans la même eau faire cuire les gousses d'ail avec la peau.
- Faire chauffer le bouillon, puis ajouter le persil, les gousses d'ail cuites épluchées et la crème fleurette.
- Mixer le tout soigneusement, réserver.
- Dans une poêle avec un peu d'huile d'olive faire dorer vivement les rognons sur le coté rond.
- Puis les faire dorer sur l'autre face, ajouter un morceau de beurre et finir la cuisson en les arrosant règulièrement.
- Réserver les au chaud avec le beurre de cuisson.
- Dans la même poêle faire
pincer les sucs, puis ajouter l"échalote très finement hachée, remuer quelques instants.
- Déglacer la poêle avec le vin blanc, laisser réduire de moitié.
- Incorporer la crème et la moutarde, bien mélanger.
- Ajouter le jus de cuisson des rognons, mélanger à nouveau puis remettre les rognons à réchauffer dans la sauce sans la faire bouillir.
- Rectifier l'assaisonnement
- Emulsionner le jus de persil au mixer à grande vitesse pour faire une écume abondante et ferme.
- Dresser le rognon avec un peu de sauce moutarde d'un coté et écume de persil de l'autre.
- A déguster très chaud.
- Accompagné d'un Pomerol ou d'un St Emilion d'âge respectable !
Bon appétit... bien sûr
!
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